Epilogue

Dans les semaines qui suivirent nos contacts fraternels furent encore fréquents puis s’érodant peu à peu les relations s’espacèrent, chacune d’entre nous reprenant le cours de son existence.  L’euphorie de notre première rencontre était lentement retombée, nos familles respectives et nos activités multiples occupant la plus grande part de notre ordinaire.

Le lien essentiel que nous partagions encore restait la possibilité pour chacun d’entre nous de pouvoir à tout moment joindre celui ou celle qui partageait le même sang. Mon indépendance naturelle ne pouvait qu’être en harmonie avec ce fait, tout en conservant, malgré tout, une relation un peu plus suivie avec  ma sœur de Marseille, la plus proche de mon cœur. Malgré toutes les promesses, les rencontres traditionnelles des fêtes familiales avaient pris un chemin identique en se diluant au fil du temps qui passe.  Mon père adoptif était décédé il me laissa un grand vide

Ma mère adoptive  l’avait  suivi quelques années plus tard en emportant son secret dans la tombe , avait -elle su que je savais ?  Elle n’en avait jamais  fait rien paraitre, sauf le jour où je lui annonçait mon divorce. Sa petit phrase en l’apprenant ne m’a pas laissée de marbre :

<!-- Après tout ce que l’on a fait pour toi…. Cela en disait long. J’étais redevable à ses yeux !

Désormais, complètement libre de ma destinée, j’allais m’accomplir pleinement et librement dans ce que j’aimais et plus personne n’était là pour me dicter ma conduite ou pour juger mes actes.

J’ai fait des erreurs, souvent même, j’ai eu des épreuves comme tout le monde, mais la force de mon caractère m’a aidée à surmonter tous les obstacles.

Cette force, l’avais-je obtenue grâce à cette marque au fer rouge imprimée au plus profond de ma chair depuis ma plus tendre enfance ? En tout cas j’avais appris un jour que je devais compter seulement sur moi-même, j’avais compris qu’il ne fallait rien attendre des autres et cela resterait à jamais la leçon et la plus grande force que la vie puisse nous donner.

Alors, même si à un moment je t’en ai voulu, presque jusqu’à la haine, pour le geste que tu avais accompli en signant ce papier, aujourd’hui je peux affirmer :

– Maman, petite maman chérie, je te dis MERCI.  Grâce à toi, j’ai rencontré des gens qui m’ont aimé, même si parfois je l’ai mal interprété, qui m’ont aidé à grandir d’une manière que, malheureusement, tu n’aurais jamais pu faire et en le comprenant, même tardivement, je me suis réalisée. Aujourd’hui je suis sûre que ton geste a été un réel déchirement pour ton cœur de mère mais que tu as voulu simplement m’offrir une autre existence que celle qui fut la tienne et maintenant je crois pouvoir dire en terminant cette longue lettre où je viens de t’expliquer les tourments de ma vie que, oui, maman, de là où tu es, tu peux être fière de ta petite fille.

Je regarde derrière moi, sans le plus infime regret. J’ai accompli un parcours parsemé de multiples embûches et si j’ai souvent souffert face aux épreuves qui ne m’ont pas été épargnées, toutes les leçons qui en ont découlé jusqu’à présent ont renforcé mes convictions et ma foi en l’inéluctabilité du destin de chacun.

Aujourd’hui j’ai pu réécrire la plupart des pages blanches qui jalonnaient mes débuts en ce monde et je continue ma route avec la plus absolue sérénité mais  hélas sans avoir pu trouver encore mon point d’ancrage.

PS : j’arrive à la fin de mon parcours  de vie et quand je jette un regard en arrière je suis heureuse d’avoir fait tout ce chemin mais un seul regret pourrait m’animer c’est que mes parents adoptifs ne m’aient rien dit, je crois que  notre  vie aurait été encore  plus belle.

Fin !