Les préparatifs.

Pendant presque trois mois nous étions au bateau, revoir les équipements, ajouter, compléter, améliorer. Du matin au soir notre vie se passait sur ce qui allait devenir notre nouvelle maison ambulante., plus e voiture et plus de maison sur terre. Les provisions étaient commandées, des conserves pour la plupart ou de la nourriture sous-vide, des boissons et surtout ne pas oublier le pastis et le rhum. On dit que les marins boivent beaucoup je confirme ! À chaque escale nous faisions des rencontres, et le verre de l’amitié était le passage obligé. Les meilleurs apéros furent ceux de mémorables tempêtes, quoi de mieux pour nous remettre de moments stressants en se battant contre des vents d’une force intense, ou de vents contraires nous obligeant à changer de cap, ou quelquefois en pleine nuit à grimper au grand mat en pleine tempête car une voile s’était bloquée et risquait à tout moment de nous faire chavirer. Je crois que ces moments là ne peuvent se décrire correctement si on ne les a pas vécues, il est difficile de bien les imaginer sauf si on a un peu navigué.

Voir arriver un gros ferry sur vous, sachant que lui ne pourra pas se dévier de sa route, et vous à la barre avec des vents contraires qui nous faisait reculer plutot que d’avancer, sans pouvoir se dégager de ce monstre qui arrivait droit sur nous. Croyez-moi on s’en souvient encore, c’était à Cagliari en Sardaigne on avait prévu d’aller manger un bon plat de spaghetti Bolognaise une fois arrivé au port mais Éole le dieu du vent en avait décidé autrement, et nous avait prévu de belles frayeurs. Un bon verre de rhum une fois amarré au ponton fut d’un très grand secours et la nuit qui suivie fut réparatrice. Hélas nous étions arrivés trop tard pour ce bon plat de spaghetti dont nous avions tant rêvé.

Des souvenirs comme celui-là nous en avons pleins la tête, nous les revivons encore avec mon mari, c’est de loin mon meilleur souvenir ce périple en mer.

 

La suite une autre fois

le carré 

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 La grande cabine  avant notre couchage.

 

 

Notre achat principal venait de s’effectuer il fallait maintenant l’équiper pour notre projet. Mon mari commençait à  s’impatienter de pouvoir aller chercher son bébé à Port Leucate, le propriétaire retardait le plus possible le moment où nous devions aller le chercher pour le ramener Au Cap d’Agde où était prévu son emplacement à quai. Il trouvait toujours une excuse pour retarder notre venue. Nous avons appris plus tard que l’ancien propriétaire avait lui aussi prévu ce type de voilier pour faire avec son fils un tour du monde et qu’il avait du mal malgré sa vente à le lâcher.

Depuis quelques jours nous écoutions la météo marine  car nous avions décidés  d’aller le chercher sans lui et après tout maintenant il nous appartenait et on en avait assez des excuses répétées de son ancien propriétaire .

 

 

 

 

 

Ce jeudi matin  là , la météo avait l’air favorable et Th se leva tôt et me dit  j’y vais, emmène-moi au port je vais  chercher Téva. Ni une ni deux nous voila partis en voiture pour récupérer notre bien. Il était bien là au ponton n° 9 les voiles bien attachées, il semblait nous dire -enfin vous voilà !

Je laissais mon capitaine de mari et  repris la route vers l’appartement.  J’étais un peu inquiètes car en longeant la mer je voyais les vagues augmenter à grande vitesse, pourtant la météo annonçait : 

 -petite brise légère en matinée

Les bretons qui ne connaissent pas la mer méditerranée nous diront ensuite que cette mer qui avait l’air si calme pouvait se déchainer en quelques minutes. C’est ce qui faisait qu’elle était redoutée pour cela.

La journée passa assez vite, attendant mon capitaine au port en fin d’après-midi je ne faisais pas trop de soucis. Pas de téléphone mobile à cette époque nous étions  en 1999, donc pas de moyen de communication entre nous. C’est lorsque la nuit commença à tomber et que le bateau n’arrivait pas que je suis allée questionner à la capitainerie les employés qui m’annoncèrent que les vents avaient forcis dans l’après midi et qu’il ne faisait pas bon être en mer.

Les voisins de pontons s’étaient rassemblés autour de moi inquiets eux aussi guettant au loin le feu tricolore du  grand mat.

Je crois que ce furent les heures les plus longues de ma vie.

La nuit était déjà bien noire lorsqu’il apparut à l’entrée du port, en arrivant au ponton je vis que quelque chose n’allait pas. Une des *moustaches qui retenait le mat flottait dans l’eau. Enfin il venait de s’amarrer au quai, les voiles toujours attachées ne me présageaient rien de bon.

 

À peine arrivée il constatât que la cale était remplie d’eau, il était trempé comme une soupe et était extrêmement fatigué.

C’est une fois que tout fut réglé qu’il nous raconta ce qui s’était passé !

Éole le Dieu du vent avait veillé sur lui.

Lorsqu’il mit le pied sur le voilier le matin, les voiles étaient tellement serrées qu’il était pas arrivé à les ouvrir, de plus à peine  quelques miles de la côte un vent fort s’est levé. Bien entendu il n’avait pas prévu de se couvrir puisque la mer devait être bonne.

Il s’est battu avec les vagues pendant des heures au moteur et donc ballotés sur un bateau qu’il ne connaissait pas et dont il venait seulement de prendre les commandes et la barre. Je crois qu’il à eu de la chance   et qui sait si Téva ne l’avait pas mis à l’épreuve ce jour-là.

L’avarie de la cale réparée nous sommes rentrés ensemble nous reposer à l’appartement. C’est le lendemain matin qu’il à constaté les dégâts, à quelques minutes près, la deuxième moustache aurait lâché faisant tomber le mat et surement  qui sait ce qui serait arrivé, peut être que le bateau aurait coulé.

 

Sa négligence aurait pu lui couter la vie, son impatience imprudente  à vouloir coûte que coûte   récupérer son bateau  et patienter encore quelques jours pour que le bateau soit prêt à prendre la mer.

Les erreurs servent de leçon, et celle-ci fut bien retenue pour la suite.

A plus. 

 

**Il s'agit aussi de l'ensemble même du matériel de mouillage (apparaux) comprenant l'ancre, la chaîne, la ligne textile ... mouille : bateau ancré. moustaches : sortes de haubans, câbles ou chaînes, tenant latéralement le bout-dehors

 

 

 

 Exemple d'un bateau avec Bout -dehors

 

L’acquisition

Lorsque je le vis posé sur son berceau dans le chantier naval où il était stocké, je dois dire que je ne fus pas enchanté à première vue.

Il faut dire que je n’étais pas une spécialiste et je ne voyais que l’apparence. Mon chéri lui s’intéressait plutot à la coque, aux instruments de navigation et de l’état des voiles.

L’intérieur ne me rassura pas de trop  non plus. Restant en retrait je voyais mon chéri enthousiaste, posant des questions  avisées au vendeur.

Je n’ai pas eu mon mot à dire , et l’affaire était faite en un rien de temps.

Sur le chemin du retour mon chéri voyant un peu ma déception me rassura en me disant, tu verras c’est un très bon bateau il nous mènera loin.

Ce fut le cas…

 

 

 

 

 Ce type de bateaux est mieux adapté pour traverser les océans ,la coque en acier résiste plus aux dangers  des conteners et autres objets flotants sur l'eau qui pourrait faire un trou dans la coque si elle est en plastique donc plus fragile.

 *Un ketch est un voilier à deux mâts et à gréement aurique ou gréement Marconi dont le grand mât est situé à l'avant.

Le plus petit, appelé mât d'artimon, est sur l'arrière mais en avant de la mèche de safran (sans quoi il s'agit d'un yawl et non d'un ketch).

 L'intérêt du ketch est la division de la voilure par rapport à un sloop, ce qui permet une plus grande souplesse d'utilisation. Ainsi, par vent frais un bon équilibre sous voile est trouvé en naviguant sous foc et artimon, la grand-voile étant amenée. De même, l'allure de cape est facilitée sous cette configuration. Par contre, le rendement de l'artimon allié à la grand-voile est relativement médiocre aux allures près du vent.
En Europe du Nord et sur de longues distances, le ketch est souvent préféré au sloop, puisque la voile supplémentaire permet un meilleur équilibre, et une voile plus facile à manipuler plus petit. En cas d'augmentation soudaine de la force du vent, un avantage du ketch est que la grand-voile peut être abandonnée rapidement, ce qui réduit très fortement la voilure tout en laissant les petites voiles pour équilibrer le navire et maintenir la propulsion.

 

Très vite le premier bateau fut trop limité les premières navigations m’ont laissés un gout de frustration car pourquoi se limiter  à naviguer sur des canaux alors que plus loin  l’horizon me faisait  des appels du pied, il fallait sauter le pas. Autant j’avais freiné l’envie de mon chéri pour ces voyages en voiliers , autant maintenant il me tardait d’aller plus loin et plus vite.

Nous devions changer notre projet et partir vraiment loin, le but étant de trouver un coin qui nous permettrait de nous poser enfin.

Larguer des amarres est plus vite fait que de vendre une maison à soi qui est un boulet lorsqu’une vie change pour diverses raisons d’ailleurs.

De longues soirées à discuter à préparer notre devenir nous prirent quelques semaines.

Une fois encore le destin nous mit un couple sur notre route qui nous avait expliqué qu’ils venaient faire un périple en voilier et nous ont  donné des conseils précieux pour une navigation aux longs cours.

J’ai souvent constaté que les rencontres ne se font pas par hasard, elles arrivent souvent au bon moment, ce fut le cas cette fois encore.

S’ils me restaient encore quelques doutes, ils venaient de se dissiper en quelques jours.

Cette fois plus d’hésitations la grande décision venait de se prendre.

Nous devions nous préparer pour ce long voyage en mer.

Nous étions en hiver et nous devions trouver un voilier qui correspondrait à notre voyage, il fallait le préparer et nous savions que cela prendrait du temps.

Nous pensions partir au mois de Mai car la mer et les vents  avant n’étaient pas favorables. Il nous restait donc trois mois pour tout boucler.

L’achat d’un voilier, l’équiper avec un dessalinisateur d'eau de mer pour avoir de l’eau douce, une éolienne, et des équipements de sécurité, balise de détresse, canot de sauvetage, radars, radio longue portée etc. Il fallait prévoir aussi de la nourriture suffisante car en pleine mer les épiceries ne courent pas les rues , l’eau, hihihi

Et surtout des boissons.

C’est vrai nous aurions du poisson frais à disposition mais à la longue ce ne serait pas suffisant, et ils nous pousseraient des écailles comme me dit mon chéri un jour en plaisantant.

Mais en premier nous devions trouver la perle rare qui nous transporterait en toute sécurité sur les océans.

Il ne nous a pas fallu beaucoup temps pour le trouver.

 Il nous attendait  sur *ber à Port Leucate...

 

 

* 

  *Un ber ou berceau est une charpente de bois ou métal qui supporte un navire et glisse avec lui pendant le lancement. On appelle aussi ber un appareil dans lequel on place un bateau pour le haler à terre, sur un slipway par exemple (voir ber roulant de Big Chute), ou pour le maintenir droit pendant les réparations ou le transport par voie ferrée ; ce type de ber peut avoir des roues

 

Voyage en voilier suite.

Je passerai les détails sans importances pour vous, mais   il n’en fallut pas plus pour me convaincre de partir loin quitter cette vie monotone une fois de plus.

Quitter la terre !

Avant de partir il y avait de multitudes de choses à organiser, vendre la boutique, préparer mes enfants à ce départ brutal mais pour eux ce n’était pas un gros problème étant habitués à mes sautes d’humeurs, ils étaient devenus autonomes et mariés pour les ainés. Mon plus jeune fils était en couple et il était très fier de sa maman qui était si différente des autres. Donc ce problème d’enfants étant réglé. Je pouvais quitter la terre ferme sans regrets.

Étonnamment la boutique fut vendue rapidement, un bateau avait été trouvé dans nos prix nous avions choisi un bateau pour faire les canaux pour commencer  et pour m’amariner avant de prendre le grand large. Il avait surtout été choisi par mon chéri pour voir si j’arriverais à m’habituer  à cette nouvelle expérience de vie. Il m’avoua plus tard que jusque au bout de notre périple la peur l’avait tenaillé  et qu’ un jour je dise « stop ». Peur des tempêtes que nous avons subies, peur de  cette vie de bohème , peur de mon confort, etc. Il ne me savait pas aussi têtue car ce n’était pas les tempêtes que nous avions subies qui allait m’impressionner et le faire renoncer à son rêve. Car sur l’eau on aurait   dit qu’il avait  fait cela toute sa vie. Il n’avait que quelques notions d’un ancien voileux un baroudeur des mers qui l’avait initié sur  un petit voilier. C’était la plus grande question des clients de la boutique quand nous leurs avons parlé de notre aventure et de la vente de la librairie. Et votre mari il est breton ? A croire qu’il n’y a que les Bretons qui savent naviguer !

Notre réponse était que non ,mais que nous partions faire un tour du monde en voilier et cela leurs clouaient le bec illico.

La suite plus tard.